Ingested- Carnifex- Obscura- The Faceless- Necrophobic – 3 Inches of Blood- The Black Dahlia Murder
Dimanche 24 Janvier 2010 – KulturFabrik (Luxembourg)
Le premier fest de 2010 a la particularité de ressembler au dernier de 2009 : dans un froid polaire, sous la neige, mais avec une affiche plutôt alléchante !
Ce dimanche soir, le Bone Crusher Fest débarque sur la scène de la KulturFabrik, au Luxembourg. Mélangeant les styles, l’affiche –hétéroclite, ça c’est clair- a de quoi rameuter un public assez large. Alors si les coreux côtoient des thrasheurs, et les blackeux des death-metalleux, force est de constater que la salle est loin d’afficher complet. Probablement en cause, les conditions météo assez rudes : du brouillard, du verglas, et une bonne dose de neige in your face.
18h30 : Ingested a la lourde tâche d’ouvrir le mini-fest, où la bière n’a pas coulé à flot, et où les orteils sont encore engourdis. Pour faire court, on logera Ingested et Carnifex à la même enseigne. Puisque les deux groupes se ressemblent comme deux gouttes d’eau, et ressemblent à un milliard d’autres groupes sur Terre. Car oui, nos amis pratiquent le ô combien original deathcore bien chiant, celui qu’on a juste envie de brûler maintenant, puisque cette mode commence à pomper les parties les plus intimes de notre corps. Quand enfin les riffs deviennent intéressants (presque des bons passages death, si si !), il semble obligatoire d’enchaîner sur un passage gruik gruik, avec de vieilles rythmiques core qui plombent tout, chiantes au possible, avec une batterie archi triggée, pendant lesquelles les rebelles straight-edge nous amusent de leurs danses de macaque. Bordel, on croirait voir des orang-outang dans le Bronx. Au final, j’ai tout oublié… Ah non, les nanas méga canons qui se trimballaient partout. Mais ça, c’est autre chose.

Le reste du festoche n’est que du bonheur. En particulier Obscura, qui a foutu une des baffes de la soirée. Niveau technique, les zikos surpassent tout. Oscillant entre Death et Dissection pour certains passages, leur death technique pulvérise tout au passage. Solis en sweeping, tapping, basse six cordes fretless (boum !), et batterie façon pieuvre sous amphèt’ : le set est sans fautes, de bout en bout. A revoir, encore et encore !

Niveau technique, The Faceless maîtrise plutôt diablement. Les Américains sont venus défendre leur nouveau bébé « Planetary Duality ». Alternant gros death technique, prog’ et passages cassés, les cinq ricains enchaînent les titres de leur dernier album avec une aisance consternante… Après ces deux groupes, on se demande si l’on doit continuer la zik ou laisser sa guitare adorée dans un coin poussiéreux. Le death technique a tout rasé. Bam.

Bizarrement, la salle se vide doucement à l’arrivée de Necrophobic haha. Faisant un peu office d’OVNI de la tournée, les Suédois viennent distiller leur black metôôôl scandinave à une salle de plus en plus endormie. Visiblement passablement éméché, Sidegard s’amène avec une bouteille en main, un sourire béat aux lèvres…alors forcément, pour balancer les nouveaux titres de « Death To All », et devant les pans de scène en croix et tête de mort, ben ça fait tout de suite moins peur. Un blackos qui sent le whisky quand il headbangue, c’est un peu überkvlt, mais ça fait carrément marrer quand il rigole tout seul.

Ceci dit, pour le reste, le set envoie la purée, façon black metôôôl entraînant et bulldozer. Surtout quand le groupe se permet d’envoyer des missiles à la sauce scandinave, du genre « Isaz », « Revelation 666 » ou encore « Blinded by Light, Enlightened by Darkness ». Wouw, de quoi faire headbanguer mémé tout ça ! Sidegard se ramènera même sur scène, façon Maiden, avec son immense drapeau Necrophobic qu’il fera tournoyer au dessus des premiers rangs chevelus. Et repartira sous les applaudissements, encore avec quelques grammes dans le sang.
Au diable l’objectivité… Ceux-là, je les attendais de pied ferme, et le zgueg au garde-à-vous. Faut dire que 3 Inches Of Blood est plutôt rare dans nos contrées, et reste un groupe bien trop mésestimé. Alors les Canadiens ont débarqué. Veste patchées, tee-shirt Entombed, vieille barbe dégueu et bandana… puis ça a envoyé sévère, avec leur heavy des 80s archi speed, teinté de bon thrash, bien pur et vitaminé. Des riffs à mille à l’heure, avec cette voix hurlée et suraigüe arrrrg. Les « Swordmaster » (dédicacée d’ailleurs à un type du public qui la réclamait à corps et à cri), « Trial of Champions », « Call of the Hammer » ou encore « Night Marauders » pourraient décalquer les cervicales à n’importe qui (bon, peut-être aurai-il fallu que le public soit un peu moins mou…). Le seul bémol sera de ne pas avoir eu droit au grandiose « Deadly Sinners », mais après une prestation comme ça, on va pas chipoter.

La neige tombe encore et encore. Le nez dehors, je constate que le sol est une patinoire…mon frère m’appelle pour me dire qu’il fait du 60 sur l’autoroute. Arg, dilemme. Le choix est vite fait : il faudra couper court au set de The Black Dahlia Murder, vu au même endroit il y a à peine quelques mois… Le début du set avait l’air cependant plus que bon. Comme à leur habitude, les ricains opèrent façon uppercut en pleine gueule. Un son à décorner les bœufs, une mixture habilement réalisée entre death, black, thrash, hardcore. En gros, on met tout une casserole, on mélange le tout et…ça sort à la perfection. Trevor a une voix de porc, il maîtrise tous les répertoires, et passe d’un growl à une voix hurlée sans problème. C’est ce qui pourrait presque agacer avec TBDM : toucher à tout et savoir en faire quelque chose de bien foutu. Surtout avec la tuerie qu’est « A Vulgar Picture », en live…
Pour le reste, mystère. Cette saloperie de neige ayant eu raison de moi pour une fois !