RAY MANZAREK & ROBBY KRIEGER - Bataclan le 3 juillet 2011
Publié : sam. juil. 09, 2011 10:28 pm
Ray & Robby from the Doors stipule sobrement la devanture du Bataclan en cette belle journée de juillet. Une journée pas tout à fait comme les autres car elle marque le quarantième anniversaire de la disparition de James Douglas Morrison dans sa vingt-septième année. Hé oui, voilà quarante ans que Jim nous a quittés et pourtant... pourtant la légende n'a jamais été aussi vivante, aussi vibrante et passionnée puisque, aussi incroyable que cela puisse paraître, 40 ans après, il se vend encore chaque année près d'un million d'album des DOORS
Quarante ans que Manzarek et Krieger en ont fait leur fonds de commerce alors quoi de plus logique que de commencer leur (ultime?) tournée par la ville où il s'est éteint ?
Une heure avant l'ouverture des portes, fans sont déjà nombreux comme en témoigne les quelques centaines de mètres de queue qui s'étendent boulevard Voltaire. Certains ont fait de nombreux kilomètres à en croire la diversité des langues parlées dans la file ; d'autres sont venus en famille portant jusqu'à trois générations l'auditoire de la soirée ; beaucoup portent des tshirts présentant toujours le même visage d'adonis d'un Jim éternellement jeune. Si les quelques-uns cherchent vainement des places pour assister à l'événement, l'ambiance reste détendue, sereine.
Les portes se décident à s'ouvrir. La foule se presse. Il fait déjà très chaud à l'intérieur.
A peine le temps de se rafraîchir au bar que les lumières s'éteignent, pour une première partie française. Un p'tit gars guitare à la main qui nous balance quelques chansons de son cru. Bien sympathique mais nous ne sommes pas venus pour ça. L'intérêt qui lui sera porté restera donc totalement anecdotique.
Le temps de checker le matériel une dernière fois et les lumières s'éteignent à nouveau. Effigie d'un Christ portant sa croix sur le mont des oliviers (ressemblant curieusement à un Jim barbu) en fond de scène, « O fortuna » de Carl Orff dans nos oreilles, les vétérans entrent en scène suivi de près de leurs « employés ». Puisque Manzarek ne s'occupe plus des parties rythmiques c'est le légendaire Phil Chen (Bob Marley, Rod Stewart) qu'on retrouve à la basse, Ty Dennis pour la batterie et enfin, c'est Dave Brock, membres des WILD CHILD (un tribute band californien des DOORS) à qui il incombera d'assurer les partie de chant.
Le set démarre sur les chapeaux de roues avec un « Roadhouse blues » superbement balancé. On remarque aussitôt que les light sont principalement axés sur Ray et Robby laissant Dave Brock dans une semi pénombre, ajouter une certaine ressemblance physique, un timbre de voix rigoureusement identique et les postures de scène de Morrison et on obtient un effet des plus convainquants pour ne pas dire des plus troublants. On a un peu l'impression que Jim est avec nous, qu'il est revenu nous assener ses vers pour rendre la fête plus réussie.
Les hits s'enchaînent « Break on through (to the other side) », « Strange days », « When the music's over », « Preace frog » enchaîné sur « Blue sunday ». Le public est en communion totale. Malgré une température avoisinant les 40° dans la fosse, les fans chantent religieusement à l'unisson chaque morceau avec une réelle délectation. Si Krieger semble hésitant sur certains accords ou sur l'utilisation de ses pédales, si quelques « couacs » arrivent ici et là, rien ne semble pouvoir endiguer le triomphe de cette soirée. Dave Brock est tout simplement prodigieusement convainquant. C'est presque à croire qu'il chante en playback. Il faut dire que cela fait une vingtaine d'années que les WILD CHILD rendent scéniquement hommage au DOORS. Si Les ex-DOORS avaient besoin d'une doublure parfaite, on peut dire qu'ils l'ont trouvée.
Et lorsque Manzarek prend la parole pour parler de Jim et de la commémoration de sa disparition, il le fait avec une sobriété bienvenue. 40 ans que Jim n'est plus là mais également 40 ans que « L.A.Woman », l'ultime album des DOORS, est sorti ; un album que le groupe n'aura jamais eu l'occasion de présenter sur scène avec Jimbo. Alors pour cette tournée, Ray et Robby vont nous l'interpréter dans son intégralité du premier au dernier morceau. Un choix aussi audacieux qu'élégant puisque l'album reste un peu inégal ; certains titres légendaires côtoyant d'autres plus dispensables.
De « The changeling » à « Riders on the storm » en passant par "Lover her madly", « L.A. Woman" ou encore « The WASP (texas radio and the big beat) » tout l'album y passe jusqu'au point culminant des "cavaliers de l'orage" pendant lequel l'arrière de la scène voit la projection de scènes de manifestations pacifistes des années soixante durement réprimandées par la police. Quelques slammeurs ou stage divers se hasardent sur ce titre subversif. Cela n'est pas du goût du service de sécurité qui intervient de la façon la plus rustre. Troublant de voir le parallèle entre les manifestants des films et les slammeurs expulsés. Les petits hommes bleus de la police qui cernaient la scène de chaque concert des DOORS ont été remplacés par une sécurité à la solde des musiciens nous rappelant que le temps de l'appel à l'insurrection est bien lointain pour de vieux musiciens confits par les substances illicites : Navrant...
Dans la fosse il fait de plus en plus chaud, les fans tombent comme des mouches et sont évacués vers la fraîcheur des coulisses. Et les ultimes accords de « Riders on the storm » qui annoncent la fin du set sont presque les bienvenus au regard de l'atmosphère surchauffée de la salle.
Après près de 5 minutes qui verront le public scander leur nom et celui des DOORS, Manzarek et Krieger reviennent pour les rappels. Dave Brock nous promet deux titres. Nous en auront trois.
Tout d'abord « Love me two time » puis un orgasmique « Five to one » avant de finir inévitablement sur la toute première chanson écrite et composée par Robby Krieger « Light my fire ». Chacun y va de son petit solo, Manzarek savoure son triomphe, un bras en l'air et un pied sur son clavier. Krieger toujours hésitant plaque pourtant ses accords comme il respire. Le public est aux anges. Les musiciens sortent sous les vivas d'une foule qui aurait aimée que l'instant s'éternise.
Tant de titres, de classiques qu'on aurait aimé entendre jouer et impossible à caser sur 2h15 de set.
Difficile de ne pas avoir une pointe de regret. Un peu hébété et ruisselant, le public heureux se presse vers les sorties. L'instant de grâce est passé. D'autres fans l'attendent.
Et Jim dans tout ça ? Son spectre était-il parmi nous en cette soirée ? A-t-il "guidé" ou inspiré ses anciens compagnons d'une quelconque façon pour la rendre plus mémorable ? Ou nous a-t-il contemplé depuis un coin de nuage, avec un léger sourire aux lèvres. Personnellement, j'aime à croire qu'il s'en tamponne royalement, qu'il était plutôt dans un coin du purgatoire en train de cuver une millionième bouteille de vin, un bouquin de William Blake ou Nietzsche éculé à la main.
Nous nous reverrons un jour ou l'autre Jim car, comme chacun le sait, personne ne sortira d'ici vivant.
En attendant, la légende continue... et n'est pas prête de s'éteindre.
Setlist :
-Roadhouse blues
-Break on through (to the other side)
-Strange days
- When the music's over
-Peace frog
-Blue sunday
-The changeling
-Love her madly
-Been down so long
-Cars hiss by my window
-L.A. Woman
-L'America
-Hyacinth house
-Crawling king snake
-The WASP (texas radio and the big beat)
- Riders on the storm
Rappel
- Love me two time
-Five to one
-Light my fire
Quarante ans que Manzarek et Krieger en ont fait leur fonds de commerce alors quoi de plus logique que de commencer leur (ultime?) tournée par la ville où il s'est éteint ?
Une heure avant l'ouverture des portes, fans sont déjà nombreux comme en témoigne les quelques centaines de mètres de queue qui s'étendent boulevard Voltaire. Certains ont fait de nombreux kilomètres à en croire la diversité des langues parlées dans la file ; d'autres sont venus en famille portant jusqu'à trois générations l'auditoire de la soirée ; beaucoup portent des tshirts présentant toujours le même visage d'adonis d'un Jim éternellement jeune. Si les quelques-uns cherchent vainement des places pour assister à l'événement, l'ambiance reste détendue, sereine.
Les portes se décident à s'ouvrir. La foule se presse. Il fait déjà très chaud à l'intérieur.
A peine le temps de se rafraîchir au bar que les lumières s'éteignent, pour une première partie française. Un p'tit gars guitare à la main qui nous balance quelques chansons de son cru. Bien sympathique mais nous ne sommes pas venus pour ça. L'intérêt qui lui sera porté restera donc totalement anecdotique.
Le temps de checker le matériel une dernière fois et les lumières s'éteignent à nouveau. Effigie d'un Christ portant sa croix sur le mont des oliviers (ressemblant curieusement à un Jim barbu) en fond de scène, « O fortuna » de Carl Orff dans nos oreilles, les vétérans entrent en scène suivi de près de leurs « employés ». Puisque Manzarek ne s'occupe plus des parties rythmiques c'est le légendaire Phil Chen (Bob Marley, Rod Stewart) qu'on retrouve à la basse, Ty Dennis pour la batterie et enfin, c'est Dave Brock, membres des WILD CHILD (un tribute band californien des DOORS) à qui il incombera d'assurer les partie de chant.
Le set démarre sur les chapeaux de roues avec un « Roadhouse blues » superbement balancé. On remarque aussitôt que les light sont principalement axés sur Ray et Robby laissant Dave Brock dans une semi pénombre, ajouter une certaine ressemblance physique, un timbre de voix rigoureusement identique et les postures de scène de Morrison et on obtient un effet des plus convainquants pour ne pas dire des plus troublants. On a un peu l'impression que Jim est avec nous, qu'il est revenu nous assener ses vers pour rendre la fête plus réussie.
Les hits s'enchaînent « Break on through (to the other side) », « Strange days », « When the music's over », « Preace frog » enchaîné sur « Blue sunday ». Le public est en communion totale. Malgré une température avoisinant les 40° dans la fosse, les fans chantent religieusement à l'unisson chaque morceau avec une réelle délectation. Si Krieger semble hésitant sur certains accords ou sur l'utilisation de ses pédales, si quelques « couacs » arrivent ici et là, rien ne semble pouvoir endiguer le triomphe de cette soirée. Dave Brock est tout simplement prodigieusement convainquant. C'est presque à croire qu'il chante en playback. Il faut dire que cela fait une vingtaine d'années que les WILD CHILD rendent scéniquement hommage au DOORS. Si Les ex-DOORS avaient besoin d'une doublure parfaite, on peut dire qu'ils l'ont trouvée.
Et lorsque Manzarek prend la parole pour parler de Jim et de la commémoration de sa disparition, il le fait avec une sobriété bienvenue. 40 ans que Jim n'est plus là mais également 40 ans que « L.A.Woman », l'ultime album des DOORS, est sorti ; un album que le groupe n'aura jamais eu l'occasion de présenter sur scène avec Jimbo. Alors pour cette tournée, Ray et Robby vont nous l'interpréter dans son intégralité du premier au dernier morceau. Un choix aussi audacieux qu'élégant puisque l'album reste un peu inégal ; certains titres légendaires côtoyant d'autres plus dispensables.
De « The changeling » à « Riders on the storm » en passant par "Lover her madly", « L.A. Woman" ou encore « The WASP (texas radio and the big beat) » tout l'album y passe jusqu'au point culminant des "cavaliers de l'orage" pendant lequel l'arrière de la scène voit la projection de scènes de manifestations pacifistes des années soixante durement réprimandées par la police. Quelques slammeurs ou stage divers se hasardent sur ce titre subversif. Cela n'est pas du goût du service de sécurité qui intervient de la façon la plus rustre. Troublant de voir le parallèle entre les manifestants des films et les slammeurs expulsés. Les petits hommes bleus de la police qui cernaient la scène de chaque concert des DOORS ont été remplacés par une sécurité à la solde des musiciens nous rappelant que le temps de l'appel à l'insurrection est bien lointain pour de vieux musiciens confits par les substances illicites : Navrant...
Dans la fosse il fait de plus en plus chaud, les fans tombent comme des mouches et sont évacués vers la fraîcheur des coulisses. Et les ultimes accords de « Riders on the storm » qui annoncent la fin du set sont presque les bienvenus au regard de l'atmosphère surchauffée de la salle.
Après près de 5 minutes qui verront le public scander leur nom et celui des DOORS, Manzarek et Krieger reviennent pour les rappels. Dave Brock nous promet deux titres. Nous en auront trois.
Tout d'abord « Love me two time » puis un orgasmique « Five to one » avant de finir inévitablement sur la toute première chanson écrite et composée par Robby Krieger « Light my fire ». Chacun y va de son petit solo, Manzarek savoure son triomphe, un bras en l'air et un pied sur son clavier. Krieger toujours hésitant plaque pourtant ses accords comme il respire. Le public est aux anges. Les musiciens sortent sous les vivas d'une foule qui aurait aimée que l'instant s'éternise.
Tant de titres, de classiques qu'on aurait aimé entendre jouer et impossible à caser sur 2h15 de set.
Difficile de ne pas avoir une pointe de regret. Un peu hébété et ruisselant, le public heureux se presse vers les sorties. L'instant de grâce est passé. D'autres fans l'attendent.
Et Jim dans tout ça ? Son spectre était-il parmi nous en cette soirée ? A-t-il "guidé" ou inspiré ses anciens compagnons d'une quelconque façon pour la rendre plus mémorable ? Ou nous a-t-il contemplé depuis un coin de nuage, avec un léger sourire aux lèvres. Personnellement, j'aime à croire qu'il s'en tamponne royalement, qu'il était plutôt dans un coin du purgatoire en train de cuver une millionième bouteille de vin, un bouquin de William Blake ou Nietzsche éculé à la main.
Nous nous reverrons un jour ou l'autre Jim car, comme chacun le sait, personne ne sortira d'ici vivant.
En attendant, la légende continue... et n'est pas prête de s'éteindre.
Setlist :
-Roadhouse blues
-Break on through (to the other side)
-Strange days
- When the music's over
-Peace frog
-Blue sunday
-The changeling
-Love her madly
-Been down so long
-Cars hiss by my window
-L.A. Woman
-L'America
-Hyacinth house
-Crawling king snake
-The WASP (texas radio and the big beat)
- Riders on the storm
Rappel
- Love me two time
-Five to one
-Light my fire