C’est vrai, faut-il attendre que Dominique Sopo soit dans une chaise roulante pour que l’on dénonce ce racisme anti-vieux ? D’autant plus que Deep Purple, Scorpions ou Alice Cooper dégagent plus d’énergie sur scène que bon nombre de jeunes quadras. Ceci est normal, la jeunesse dans la musique c’est fait pour vendre des tee-shirts et sauter des groupies, la musique on aborde à 50 piges.
Je me renseigne quand même sur l’heure de fin du spectacle, l’hospice ferme à onze heures.
Aussi, j’ai une technique pour passer un appareil photo à l’entrée : le cancer du rectum ! Hormis chez les coiffeurs, les couturiers ou autres adeptes du suppositoire, la colostomie ne présente que des avantages, la preuve elle me permet de glisser le compact avec en prime les excuses des gorilles : « - C’est quoi cette épaisseur sur votre abdomen ? -Cher Monsieur, j’ai une poche… - Désolé, bonne (dernière) soirée ». C’est pratique la colostomie, l’an dernier sous prétexte de Sonisphere j’ai fait transiter 80 Napoléon or à la frontière suisse. Certes, on dit que l’argent n’a pas d’odeur, mais le banquier faisait quand même un peu la gueule dans le hall du palace zurichois. Pour les fans de Bougrain-Dubourg, on raconte que d’aucun y élèvent aussi leurs cochons d’Inde…
Arrivé dans le Zenith, je pousse le déambulateur jusqu’à la grille, pas foule à 18h30… Et à 20h les lumières s’éteignent. Wille & the bandits, sans doute un groupe de cow-boys, me disais-je à moi-même, ingénu que je suis. Mais c’est des jeunes, avec en plus les cheveux longs, et le chanteur, c’est pas loin d’une rasta qu’il a sur la tête… des hippies !!! J’espère alors avoir doublement fermé la voiture et tente, tant bien que mal, de reculer afin d’échapper aux effluves de marijuana. On avait dit : « pas de jeunes », merde ! Ils jouent un « desert rock » assez pêchu au risque de nous balancer un crotale dans le dentier à tout moment. En plus c’est des anglais, décidément on ne pourra jamais leur faire confiance aux brits ! A la fin du spectacle, ils vendaient leur CD dehors, comme si on n’avait pas assez à faire avec les romanos… Je ne peux pas non plus dénoncer tout le monde à la préfecture, un jour je finirais par signer une de mes lettres anonymes par inadvertance.
Entre la fin de Wille & the bandits et la sortie de la salle que s’est-il passé ? Ah oui, le concert de Status-Quo, j’étais même venu là pour ça si je me souviens bien. Les papys sont entrés vers 9h : Rossi au centre, Parfitt à sa droite, Rhino à sa gauche et Bown tantôt au clavier, tantôt à la gratte. Je ne sais si c’est la faute à Alzheimer ou à Alcool, mais je me souviens mal de la discographie de SQ. La première heure fut en tout cas très « old school » avec une suite d’une quinzaine de morceaux très courts : « Mean girl », « Caroline », « Big fat mama », « Little lady »… Je ne sais pas ce qu’ils prennent mais j’aimerais bien avoir la même recharge le matin quand l’infirmière espagnole vient me faire ma toilette ; 70 balais et ils courent aussi vite que les ressortissants français poursuivis à Abidjan. Puis vint le moment des tubes : « In the army now » et après quelques soli « Whatever you want ». Une courte pause et enfin, en guise de rappel, une cover de Creedence et une de Chuck Berry ; j’eusse espéré un morceau des Beach boys… ça sera pour la prochaine fois.
A peine le temps de prendre mon diurétique du soir que le gros con de videur nous explique qu’il n’y a plus rien à voir, même pas le temps de siffler une mousse… le butor avait de la chance de faire deux têtes de plus que moi, ou comment gâcher l’excellente soirée d’un vieux via un phacochère en bomber et sans aucun doute impuissant honteux.
