Samedi 19 Décembre 2009 – Eindhoven Effenaar (Pays-Bas)
Krisiun, Devious, Grave, SerpentCult, Shining, Equilibrium, Posthum, Ulcerate, Impaled Nazarene, Legion of The Damned, Hackeneyd, Elite, Skyforger, Entombed, Nile, Genetic Wisdom, Darkened Nocturn Slaughtercul, Merauder, Satyricon, Thyrfing, Deströyer 666, The Devil’s Blood.
Eindhoven Metal Meeting. Bordel, on y va ! 38 € pour 22 groupes, qui s’étalent sur toute une journée. L’ami Mappy et son collègue le GPS indiquent la distance : départ de Luxembourg, arrivée à l’Effenaar d’Eindhoven, à peu près 3h. Parfait.
Traversée du Luxembourg, et de la Belgique. Où notre thermomètre descendra jusqu’à -15°C sur cette aire d’autoroute au milieu de rien, où la seule chose à faire est de pisser contre les poubelles. Arrivée aux Pays-Bas, où les Bataves ont eu la bonne idée de fermer la route pour aller à Eindhoven. Le GPS perd la tête, le conducteur s’en tire après quelques injures, et nous y voilà. Souci ? La salle se trouve en plein centre-ville. Idéal pour se garer, surtout un samedi après-midi d’avant Noël.
Bref, après moult pérégrinations, plusieurs constats s’imposent : déjà, la Néerlandaise est bien bonne. Ensuite, le public hollandais est probablement l’un des plus stupides que j’ai rencontrés (le jeu du « je lance mes verres de bière au hasard sur les gens » commence à gonfler au bout de quatre heures hein…) et adooooore parler pendant le concert (ta gueule !). Autre chose, le Néerlandais est grand. Très grand. Certains dépassant allégrement les 3m75, c’est un peu chiant parfois.
Etat des lieux : l’Effenaar est composée de deux salles. La grande, à l’étage ( !), d’une capacité de 1300 personnes. Et la seconde, en bas, la bien nommée « Jäger Stage » qui peut accueillir 400 chevelus, avec un petit balcon fort pratique. Et comme ce soir, c’est sold out depuis fin novembre, va falloir jouer des coudes parmi les grands blonds, car certains groupes se chevauchent.
Avec notre retard, nous raterons Krisiun, Grave (déjà vus alors ouf !), Devious et SerpentCult.
SHINING 16h20-17h :
Les dieux du Black Metôôôl sont avec nous, nos pas fouleront la Main Stage pour l’entrée de Shining à 16h20. A vrai dire, j’en attendais beaucoup, aussi bien musicalement que pour les frasques de Kvarforth. Les scarifications à tout va ou autres provoc’ sont rangées au placard, le leader se contentant de remplir son gros bidon de vin rouge à chaque morceau. Niveau show, Shining a le don de bien jouer. Ca reste carré, et ça tape où ça fait mal. Parfois, ça vire même carrément à l’original, et c’est pas plus mal pour le black. Kvarforth se la jouant même crooner beau gosse, avec sa clope au doigt, à chanter des lignes claires du plus bel effet. D’ailleurs, le leader est bien en voix, alternant voix très rauques, criardes, et mélodiques. Agréablement surpris.
EQUILIBRIUM 17h20-18h :
Bon c’est pas tout, mais après 40 minutes, on a soif ! Direction le bar (complètement pris d’assaut, il est entouré de stands de fringues et compagnie), une bière à 2,10€. Raisonnable. Et début du set d’Equilibrium. Pendant dix minutes, je resterai très attentif à Sandra, la bassiste. Le reste…euh…ben le reste ?

ULCERATE 17h30-18h :
Direction la Jäger Stage, où un nom m’intéresse davantage que la poitrine d’Equilibrium…humpf ! Ulcerate, tout de noir vêtu, débarque sur la petite scène. Ce qui vient en bouche dès les premières notes ? HOLY SHIT. De tous les concerts et CDs de death que j’ai pu écouter, jamais je n’avais entendu une batterie pareille. Alors, certes ça semble triggé à max. Mais bordel, ce mec est une pieuvre. Non pire qu’une pieuvre. Une pieuvre croisée avec Goro, le mec du jeu vidéo Mortal Kombat qui avait plusieurs bras. Non seulement son jeu est d’une rapidité hallucinante, mais en plus de cela, sa technique pourrait renvoyer Necrophagist dans les jupes de sa mère. Tentaculaire et assommant, on en oublierait presque les autres zikos. Accompagnant Nile et Krisiun sur leur tournée, les quatre compères distillent leur death alambiqué, technique, où parfois des parties lentes et déstructurées tapissent un bon mur de double pédale, mode marteau piqueur branché dans une prise électrique. Bonne surprise !
IMPALED NAZARENE 18h20-19h :
Suomi Finland Perkele. Bordel. Putain. Chié. BEUARG. Le genre de mots qui me jaillissent de la bouche, quand je sais que je vais voir pour la 2e fois les très controversés Finlandais d’Impaled Nazarene. Venus cracher leur haine, ceux qui vénèrent le Nazaréen Empalé balance un set à mille à l’heure, piochant d’ailleurs dans leurs vieux albums (« Kali Yuga »)
Dans la fosse, ça ne se bouge toujours pas, alors que leur nuclear metal décroche les dents, une par une. Mikka, aka Slutifer, est plus qu’en forme et hurle de sa voix suraigüe les paroles en finnois et en anglais. Niveau missiles sonores, « Goat Sodomy » fait l’effet d’un bulldozer, le cultissime « Armageddon Death Squad » rase tout et bien entendu, « Total War – Winter War » finit d’achever les dernières cervicales qui restaient en place. Arc Basstard, le bassiste, ira même jusqu’à faire valdinguer le micro en lui décochant un énorme coup de poing. Le pied et le micro tombent à moitié dans le public (qui du coup se régale), au grand dam de celui qui aménage la scène pour chaque groupe.
Dans un déluge de dernières notes et de gros larsen, Mikka balance comme guise d’adieu un : « We’re Impaled Nazarene, and YOU’re not. So, fuck off ». Avec un joli signe de doigts en V. ImpNaz est venu, a vu, a vaincu.
LEGION OF THE DAMNED 19h20-20h :
Tandis que Elite joue dans la petite salle, la curiosité me (re)pousse à (re)voir Legion Of The Damned. Jouant à domicile, la tâche sera plus qu’aisée pour les ex-Occult. Preuve en est, le groupe s’adressera au public en néerlandais, provoquant des « yeaaaaaaaah »à tout va. Euh, bon ben on a suivi le mouvement, ils devaient probablement nous dire qu’ils nous aimaient.
La scène est flanquée d’une immense toile avec le logo du groupe ; elle est plongée dans le noir, avec des spots blancs, tandis que l’intro résonne, avec une voix plutôt flippante. Et boum, lâché de riffs et de double pédale, les Néerlandais vont fournir quarante grosses minutes de leur thrash à décorner les bœufs. Le souci avec LOTD, c’est qu’en les ayant vus au Party San en 2008, je n’ai pas l’impression que la set list a changé d’un iota, mais pis encore, au bout d’un certain temps, les morceaux se ressemblent et s’enchaînent un peu comme à l’usine. Pourtant, la qualité de leur musique est indéniable. Le public, amorphe jusqu’alors, réagit enfin, les riffs incisifs font mouche et la voix de Maurice éructe ses désormais cultes « Legion Of The Damned », ou encore « Sons of the Jackhal ». Reste quand même qu’en live, LOTD restera toujours efficace.
SKYFORGER 20h10-20h50 :
Le marathon musical se poursuit en se faufilant sur le balcon de la Jäger Stage (petite salle donc), où ça se presse pour voir les Lettons de Skyforger. Et leur folk/pagan metal va plutôt faire mouche, pendant la grosse partie de temps qui leur est allouée. Seulement 4 sur scène (dont un bassiste qui semble éméché !), Peter et ses sbires enchaînent les bons titres entraînants, qui donnent envie de buter deux trois connards, sur son cheval, avec son épée. ( ??)
Un set vraiment bon, malheureusement moins original que sur CD, car amputé des instruments folk et traditionnels de Kaspars (la flûte rajoute un côté tellement coloré à leur musique…).
ENTOMBED 20h20-21h10 :
Pas le temps de manger, les grands Entombed sont entrain de jouer sur la Main Stage. Il court, il court, le Français…et arrive devant une masse informe de grands Néerlandais qui sont devenus carrément fous en quelques instants. Le pit est d’une grande violence, ça se bastonne sévère, tandis que les Suédois balancent leur death metal über culte. LG Petrov est toujours ce frontman charismatique et sympathique, tout sourire, remerciant à tout va le public d’un tel entrain. Complètement en sueur, avec son vieux teeshirt Venom vintage, sa voix est reconnaissable entre mille. Rocailleuse, biberonnée dans le whisky, qui se mêle parfaitement aux rythmiques brutes de décoffrage, et ses grosses passages de solis qui déchaînent la foule.
Entombed restera basique, simple…mais terriblement efficace. Et quand on voit l’effet que produit un « Left Hand Path », joué en dernier, on se dit qu’Entombed est grand. Très grand.
NILE 21h40-22h30 :
Le running order prend un touuuut petit peu de retard, et histoire de reprendre des forces, le fameux saucisse/pain/mayo avalé en deux bouchées. Remontée dans la Main Stage, ou plutôt l’Egyptian Stage. Car Nile y a installé une immense toile, frappée du logo du groupe. Visiblement très attendus, Sanders et ses esclaves débarquent sous des applaudissements nourris.
Et c’est parti pour un long set (trop long, argh) de brutal death, bien technique et branlette de manche, aux couleurs des pyramides. Alors certes, Karl et Dallas jouent bien, très bien et se complètement parfaitement dans cet échange de guitares. Idem pour George qui martyrise ses fûts comme jamais, avec du blast en veux-tu en voilà. Mais 50 minutes de Nile, c’est vraiment tendu du parchemin à tenir…
Pourtant, les titres courts et percutants comme l’excellent « Sacrifice Unto Sebek » sont d’une force imparable en live. D’autres, comme un titre tiré du dernier opus « Those Whom the Gods Detest » tirent en longueur. Après, vu les acclamations à la fin du set, je me dis que j’ai peut-être mal appris ma leçon d’histoire…
DARKENED NOCTURN SLAUGHTERCULT 22h10-22h50 :
Effet de curiosité oblige, nous filons dans la petite salle, où ça semble brailler de la Black Metôôôl. C’est Darkened Nocturn Slaughtercult qui a déjà investi la scène depuis longtemps, avec ses croix renversées, ses crucifix, et ses têtes de bouc accrochées partout. Ouille ! C’est qu’ils déconnent pas les Allemands !
Mais grosse surprise, un black-metal carrément brutal, qui suinte la Haine avec un grand H, à coups de gros riffs et de blastouille à tout va.
Particularité, c’est Oneliar qui officie au chant… une nana qui n’hésite pas à hurler à s’en décrocher les cordes vocales. Avec une fin de set qui se ponctue par un cracher de sang dans la gueule des premiers rangs. A revoir, en entier la prochaine fois !
SATYRICON 23h- 00h :
La fatigue commence à se faire sentir, vu le rythme effréné, les bières qui s’enchaînent, sans forcément manger par-dessus. (Cela se remarquera avec Monsieur Boulet, un bon gros porc qui nous a vomi ses trippes par terre, en plein dans la salle. Idéal pour l’odeur et l’ambiance).
Qu’à cela ne tienne, voilà la « tête d’affiche » qui arrive. Les Norvégiens de Satyricon bénéficient du plus long playtime : une heure de jeu, largement de quoi balayer tous les albums. Une préférence pour le Nemesis Divina et le dernier bébé en date, The Age of Nero.
La toile de scène est plus qu’immense, et est estampillée de Satyricon en vertical, avec la pochette du dernier album. La batterie est stylisée HR Giger et fascine par sa beauté et ses grosses cornes qui pointent vers le haut.
Et là…le beau gosse du Black Metal arrive haha ! Satyr, cheveux gominés et tirés en arrière, mascara noir sous les yeux, et petite chemise/débardeur noir arrive sur scène, droit comme un I. Le look du gendre idéal, sauf que le monsieur va dégainer ses armes et sa voix surpuissante (putain quel coffre), accroché à son micro en forme de trident et du Y de Satyricon.
La question se pose alors : dans le public, les réactions sont mitigées. Entre ceux et celles qui mangent dans la main du frontman, qui ne cesse de l’haranguer, avec ses « hey hey hey » que l’on doit reprendre en cœur. Et ceux et celles qui se moquent à tout va du BCBG ténébreux, en lui criant « gay gay gay ».
N’empêche, qu’avec des titres comme « The Wolfpack » et un son à exploser tes plombages, Satyricon assomme une bonne partie de la salle. Et bandant à souhait, l’excellent « Black Crow On A Tombstone » pourrait faire headbanger n’importe quelle grand-mère. Merde, ça reste quand même chiadé, et ce côté rock n roll et entraînant a toujours du bon dans le black. A revoir trèèès vite !
DESTRÖYER 666 00h10- 00h50 :
Ca y’est, on a pris nos bières, nos clous, nos vestes patchées et on a trempé nos chevelures cradoques dans la poussière. En fait, on va juste assister à la prestation de Deströyer 666. Bercés par du Slayer vieille époque, piqués à coup de Venom, Assaulter ou encore tout ce qui peut être black des cavernes, les Australiens sont venus ici pour nous faire remonter 20 ans en arrière. En distillant un black thrash des familles, comme on en fait plus !
Riffs exécutés à la vitesse lumière, batterie minimaliste mais percutante et rapide, voix dégoulinante et suintante, et des solis à la Kreator, mais passés en vitesse x10, Deströyer 666 porte bien son nom.
C’est bien simple, leur musique détruit tout sur son passage. C’est moitié thrash, c’est moitié black, mais ça bave et ça enchaîne les torpilles. C’est bandant, quoi ! Par contre niveau décibels, c’était aussi bien deströyer pour les oreilles…
THYRFING 00h20-1h00 :
En revenant dans la grande salle, c’est un parterre carrément dégarni que l’on retrouve devant Thyrfing qui a la lourde tâche de passer après Satyricon, chevauchant Deströyer 666 et devant remotiver des troupes qui se bouffent du metal depuis 10h non stop.
Pas franchement remarquable, ni même mémorable. A part la venue d’une chanteuse qui rehaussera le niveau, et ajoutera un peu de couleur à un Thyrfing bien mou.
THE DEVIL’S BLOOD 1h20-2h00 :
Du retard, du retard, mais l’hôtel et la nuit attendront. Maintenant, c’est The Devil’s Blood. Le buzz du moment nous baisera-t-il ?
Niveau ambiance, on ne fait pas mieux. Sur tous les amplis Marshall et Fender se trouvent de grosses bougies rouges, qui brillent calmement dans le noir. Par terre, des dizaines et des dizaines de bâtons d’encens (sentant apparemment la cigarette qui fait rire), enfumant toute la scène. Et puis…les musiciens qui arrivent, ensanglantés, en veste en cuir, le regard plus que sombre, fixant on ne sait quoi au fin fond de leur univers. Selim Lemouchi arrive et gratifie le public d’un joli doigt d’honneur, sans même nous regarder. Sa sœur, à la voix si lyrique, s’installe devant son micro (duquel elle ne bougera quasiment jamais).
Et là… une expérience hors-norme s’ouvre. The Devil’s Blood, c’est comme si la Bête copulait avec Woodstock, comme ces guitares et ces solis vous donnaient l’impression d’un monde ouvert par des champignons hallucinogènes. Ces Néerlandais nous renvoient à coup de poing dans la gueule dans les années 70, mais nous secouent la tête à coup de textes résolument sataniques.
C’est psyché, c’est rock, c’est envoûtant, c’est lyrique, c’est somptueux, c’est rétro, c’est possédant.
Parfois, ça part en version rallongée de 10 minutes, comme à la bonne vieille époque des Deep Purple ou autre Led Zep’.
Au fur et à mesure que l’encens brûle, il suffit de fermer les yeux pour s’imaginer sur une route multicolore, où les petites fleurs mignonnes et parfumées se font bouffer par un Lucifer suintant et baignant dans le sang.
Ce n’est que ma vision des choses, et ce que j’ai ressenti pendant leur musique. Mais rares sont les groupes qui ont pu me transporter autant. A vivre, à expérimenter …
Le set se finit sous un déluge de larsens, et de notes, de solo, où tout se mélange, tout finit, tout meurt et vit en même temps. Et Lemouchi qui pointe son doigt d’honneur en direction de la foule… Avant de péter un plomb, couvert de sang, à arracher les cordes de sa Gibson à doigts nus, avant de la cogner contre les baffles. Et de partir.
HYPNOTIQUE. Assurément, la claque avec un grand C.

Au final, un festival qui aura été quasiment parfait, de A à Z. Le retour fut moins drôle. Les 3h de route retour se sont transformées en 10h de route, à cause de la route, des déviations (qui nous ont totalement perdus, car OUI le Néerlandais ferme ses routes, mais n’indique pas par où passer), et la tempête de neige qui a choisi de s’abattre sur nous, juste quand il fallait rentrer.
A l’année prochaine, Eindhoven !