MAYHEM @ Baroeg (Rotterdam, NL) 13/11/09

[#Guillaume#]

MAYHEM @ Baroeg (Rotterdam, NL) le 13/11/09

Le Baroeg est un endroit idéal pour décompresser après une semaine de boulot chargée. La salle est idéalement située en bordure d'un grand parc ceinturé de canaux où il fait bon fumer la verdure ou siroter quelques boissons fraîches avant les concerts. De plus sa programmation entièrement dévouée au metal, au gothic et à l'electro remplit régulièrement les pages de mon agenda de mémos écrits d'une main fébrile et soulignées trois fois en rouge. Cette date-ci ne fit bien entendu pas exception à la règle même si je nourrissais quelques sérieux doutes sur la capacité de la salle à accueillir un groupe de cette envergure.
Doutes partiellement fondés car si les abords de la salle sont blindés de chevelus à l'ouverture des portes, ce ne sont au final que quelques centaines de personnes qui font le déplacement en ce vendredi 13. Affluence largement suffisante pour blinder la salle et profiter au maximum de l'ambiance intimiste qui y règne en règle générale.

Le bar de la salle n'accepte qu'une seule monnaie : les jetons estampillés « B »! Autant dire que les distributeurs sont pris d'assaut immédiatement ; le temps de faire la queue et les belges de GORATH ouvrent le bal. Côté son il n'y a rien à dire, les compos sont assez sympa et typées black mélodique, ça joue carré et le batteur nous gratifie de patterns de batterie où le groove l'emporte souvent sur la blast-beaterie. Toutefois, leur show tourne en rond assez rapidement, la faute principalement a une présence scénique inexistante et à un manque de fantaisie rédhibitoire. C'est ce qui fait souvent la différence avec les formations expérimentées, ici on a l'impression diffuse d'assister à une répète tant les musiciens restent concentrés sur leur partition, et quand le guitariste chanteur essaye d'haranguer la foule il n'a pas trop l'air d'y croire lui-même. Doté d'un show plus dynamique et mieux rodé le groupe pourrait néanmoins révéler son potentiel, à suivre éventuellement.

A la pause, on se marche un peu dessus, la salle a regroupé toute la scène extrême de la région dirait-on. On y croise du fan de black plus bardé de pointes qu'un hérisson, du punk à crête, du gros metalleux à patch, du coreux à mèche et pléthore de filles toutes plus euh...blondes les unes que les autres.
Ensuite déboulent les néerlandais de INFINITY dont la particularité principale est d'afficher un batteur/chanteur surexcité. Je ne suis qu'un piètre musicien mais il me semble qu'il ne doit rien y avoir de plus difficile, voire de carrément incompatible, ne serait-ce qu'en terme de gestion du souffle. De plus les hollandais évoluent dans un registre brutal black assez exigeant et assez...linéaire. Les morceaux sont construits autour de la batterie bien entendu et celle-ci se cantonne bien trop souvent à aligner des parties de blast titanesques aérées de quelques claquements de cymbales. Quand un arpège vient fendre le mur on se surprend presque à soupirer. Ajoutons à cela que le groupe est souvent noyé sous les fumigènes et que notre chanteur frappeur se la joue un peu trop boulanger. Sur-mixer la batterie, pourquoi pas, mais dès lors on ne peut plus se permettre d'approximations dans son jeu. Enfin bref...pas trop mon truc.

Je ne m'intéresse à la scène black que depuis relativement peu de temps, davantage charmé par les expérimentations de la troisième génération que par les albums cultes des grands anciens scandinaves. Malgré tout je ne pouvais pas rater l'occasion de voir un groupe aussi culte que MAYHEM dont les derniers albums m'ont plutôt réjoui par ailleurs.
Le public est très réceptif au show des norvégiens, je veux dire par là que j'ai rarement vu les néerlandais manifester leur enthousiasme avec autant d'énergie, et Mayhem les récompense amplement avec un show de presque 1H30 dont tout le monde ressort lessivé. Côté scénographie je les attendais un peu au tournant bien entendu et c'est Attila qui sans surprise monopolise l'attention avec son jeu pour le moins pittoresque. Faut reconnaître que ça produit son effet au début : il déboule sur scène au milieu des lights et des volutes de fumées drapé dans une soutane papale brodé d'or et de violet, armé de la faux de la camarde et d'un lampe/encensoir aux rayonnements rougeâtres. Quand il dévoile son visage c'est pour arborer le faciès d'un cadavre en décomposition (en latex hein, rassurez vous il va bien) plutôt bien foutu. Le grand spectacle quoi.
Je trouve le gars convaincant dans son rôle, outrancier et à la limite du grotesque mais captivant à sa manière. Son costume a l'air pensé sous un angle symbolique, comme si il regroupait les attributs des arcanes majeurs du tarot (la mort- l'ermite-le pape) dans une parodie grand guignol. Dommage néanmoins que son jeu de scène soit truffé de gimmicks un peu lassants à la longue : quand on l'a vu s'égorger avec sa faux une dizaine de fois c'est moins drôle. Sa lanterne oscille tel un pendule comme pour nous rappeler l'inévitable sentier que nous empruntons et le malheureux hurle comme un damné face à l'absence des dieux. C'est fort tout de même (je suis sérieux hein!).
Les gratteux live assurent plutôt bien, Necrobutcher est si petit que je peine à l'apercevoir derrière les premiers rangs de hollandais outrancièrement grands, et Hellhammer assure comme une bête -ce type fait plaisir à voir- s'éclatant autant sur les morceaux atmosphériques les plus récents que sur les classiques du groupe ultra bourrins. Désolé à ce sujet de ne pas vous gratifier d'une set-list mais je ne suis pas assez familier de la disco du groupe.
Bref, ça pogote sec, ça headbangue de tous côtés dans le public, en contraste avec le jeu glacial du groupe sur scène qui donne tout sans compter pour une assistance plus que réduite.
Perso je suis emballé, du coup j'attends avec impatience Satyricon/Shining le mois prochain et Marduk début 2010 pour me faire une idée plus globale des prestations live des grands anciens du black en territoire batave.